Editorial Voie Etroite N°190

Juin-Juillet 2002

Le pot de fer contre le pot de terre

L'histoire est bien connue, mais le gagnant n'est pas celui que l'on croit.

Demander au commun des mortels de vous donner des exemples de Monuments Historiques. Que vous répondra-t-il ? Versailles, Tour Eiffel, Pont du Gard, ou encore château de Trifouilly et église de St Glinglin... Peu de chance pour qu'il vous cite l'usine Claude et Duval de Saint-Dié (Vosges) construite par Le Corbusier ou les Salines de Salins-les-Bains (Jura), elles aussi classées parmi les Monuments Historiques.

A quoi auriez vous pensé ? 231K 8 ou 141TD 740, voire 040+T Vulcan-Werke de 1925 du P'tit train de la Haute Somme (APPEVA) ou 030T Blanc-Misseron ex-Tramways de la Sarthe du MTVS (Valmondois) pour les plus érudits.

Mais voilà le patrimoine technique ne suscite que trop peu d'intérêt chez le grand public ou, pire, au sein des instances nationales ou régionales chargées de veiller à sa sauvegarde et à son entretien. Même si quelques "gros coup" sont réalisés ici ou là sur des sites gérés directement par les régions ; on est jamais mieux servi que par soi-même...

Alors, à quand une vraie reconnaissance du patrimoine ferroviaire français ? Doit-on se contenter d'un musée national où on laisse le matériel vieillir dehors. Matériel que l'on est "obligé" de ferrailler un jour parce qu'il a mal vieilli... Triste tableau, malgré les splendides restaurations effectuées par les ateliers SNCF ou occasionnellement les équipes du musée. Il serait temps d'y consacrer des crédits en rapport avec le statut national de ce musée.

A quand également un musée des transports en commun digne de la France ? La majorité des grandes capitales d'Europe possède un musée dédié à ces transports. Sauf Paris... Après avoir gentiment demandé à l'AMTUIR de déménager sa magnifique collection en lui promettant un musée vivant possédant des surfaces en rapport avec l'ampleur que doit avoir un tel lieu, voilà qu'on lui propose tout juste un "placard". Les surfaces se trouvent réduites de moitié, la voie de démonstration des tramways a disparue, bref le musée est devenu gênant ! Va-t-il falloir à nouveau déménager la collection à la recherche d'une municipalité plus accueillante ?

La mobilisation doit aussi venir des chemins de fer touristiques ou musées ferroviaires afin de sensibiliser le public à notre cause. Les journées du Patrimoine des 21 et 22 septembre prochains, sont une bonne occasion pour expliquer au public l'histoire, la technique et bien d'autres détails de nos collections en organisant des portes ouvertes et visites guidées.
Mais il faudra bien que les instances nationales ou régionales jouent le jeu et se rappellent que le pot de fer à toujours été plus fort que le pot de terre... A méditer.

David BLONDIN, Rédacteur en chef

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